>>1522https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr_le-vaccin-contre-la-grippe-est-inefficace%E2%80%89-plutot-faux/Pourquoi l’efficacité du vaccin contre la grippe varie-t-elle ?
En 2014-2015, l’efficacité du vaccin contre la grippe avait été particulièrement faible. De nombreux sites Internet en avaient profité pour semer la confusion entre l’inefficacité de ce vaccin cette année-là et l’inefficacité des vaccins en général. Or, il faut se rappeler que la grippe est un cas particulier. Trois caractéristiques du virus de la grippe expliquent qu’il est difficile d’élaborer un seul vaccin qui aurait la même efficacité, année après année.
1) Il n’y a pas seulement « une » grippe
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe trois types de virus de la grippe, appelés A, B et (moins fréquent) C. Le type A est lui-même divisé en sous-types, en fonction de la protéine présente à la surface du virus. Ces protéines jouent un rôle dans la propagation du virus et sont désignées par les lettres H (hémagglutinine) et N (neuraminidase).
Mais d’une année à l’autre, les souches de grippe en circulation ne sont pas nécessairement les mêmes et elles peuvent même coexister, ce qui oblige à développer un nouveau vaccin chaque année. Par exemple, en 2015-2016, la souche A (H1N1) a causé 54 % des cas ; le virus B était quant à lui responsable de 37 % des cas. Par contre, en 2018-2019, la souche A (H1N1) a été responsable de 89 % des cas, la souche A (H3N2) de 6 % et la souche B de seulement 1 %.
2) Le virus de la grippe a un taux élevé de mutations
Le virus de la grippe a aussi la fâcheuse habitude de se modifier, de subir des mutations, ce qui le rend plus difficile à détecter par le système immunitaire.
Il faut se rappeler que, si notre système immunitaire est capable de combattre efficacement un agresseur — comme un virus — c’est parce qu’il l’a déjà rencontré. Autrement dit, il le reconnaît. C’est le principe de base de toute vaccination, qui consiste à injecter une version inoffensive du virus, afin que le système immunitaire le reconnaisse plus tard. Or, les mutations du virus de la grippe modifient ses protéines de surface. Celles-ci sont alors plus difficilement reconnues, ou pas reconnues du tout, par le système immunitaire.
3) Les souches en circulation sont difficiles à prédire
Enfin, il est difficile de prévoir quelle sera la souche de la grippe qui sera en circulation pendant la saison suivante. Depuis 1973, l’OMS émet des recommandations formelles à ce sujet. « Des centres de surveillance sentinelle à travers le monde séquencent le génome des virus qui circulent », explique Martin Richter, du Centre de recherche du CHUS, qui s’intéresse à l’immunologie et à la pharmacologie des infections virales respiratoires. « Selon les résultats sur une partie de la planète, l’OMS fait des statistiques et prédit quelles souches devraient se propager en Amérique du Nord, ce qui permet d’élaborer les vaccins. » Au Canada, le Groupe de travail sur l’influenza développe ensuite ses propres recommandations, qu’il soumet au Comité consultatif national de l’immunisation.
Mais « les scientifiques peuvent se tromper dans le choix de la souche », souligne le Dr Karl W